"Numérique et économie circulaire" / Connecteur Recherche Transitions²

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Le numérique est-il le chaînon manquant de l'économie circulaire, la clef de voûte des "4 R" (Réduire, Réemployer, Réutiliser, Recycler) ?

"Numérique et économie circulaire" / Connecteur Recherche Transitions²

  Cette synthèse est issue de la journée “Connecteur Recherche Transitions²” du 14 juin 2016.
Près de 60 chercheurs et praticiens impliqués dans la Recherche à la croisée écologie/numérique se sont rassemblés pour :

  • identifier les sujets, pistes, controverses, ... sur lesquelles la Recherche pourrait vouloir travailler dans les années à venir ("Voilà ce qu'on sait qu'on ne sait pas, et voilà comment on pourrait vouloir y travailler")
     

  • exprimer ce qu'un travail de Recherche sur ces questions pourrait déclencher en terme d'action pour les acteurs, qu'ils soient privés, publics, associatifs,... ("Si on avait une meilleure connaissance sur ce thème, cette question, cette controverse... voilà ce que ça débloquerait concrètement en terme écologique")

 

 

Introduction au sujet

LE NUMÉRIQUE AU SERVICE DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE : VRAIMENT ?
Le numérique est-il le chaînon manquant de l'économie circulaire, la clef de voûte des « 4 R » (Réduire, Réemployer, Réutiliser, Recycler) ? Qu'avons-nous besoin de mieux comprendre pour libérer son potentiel ?

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Alain Geldron, ADEME

Ressource : “De l’économie linéaire à l’économie circulaire”

 

Parmi les principaux points à retenir :

  • Dans les 4 “R” de l’économie circulaire (Réduire, Réemployer, Réutiliser, Recycler), on oublie trop souvent le “Réduire” : plus on augmente l'échelle, plus on est dans la complexité. Mais on peut vouloir la réduire dès l'entrée, mais comment faire (notamment réduire par rapport à recyclage) ?
    Un recyclage parfait sans imaginer un changement de la demande ne serait pas efficace...

  • En terme d’environnement, on focalise surtout sur une analyse des effets directs ; or, on a peu de chose sur impacts indirects ou systémiques : c’est là-dessus qu’il faut porter l’effort de Recherche

  • Besoin d’imaginaires, de scénariser les futurs, notamment autour de l’économie de la fonctionnalité (est-ce une économie high-tech ou low-tech ?)

  • Des questionnements un peu nouveaux pour ‘'ADEME :

:

  • existence de goulots d'étranglement sur les matières premières consommées par le numérique
  • la capacité du numérique à augmenter réellement la capacité de collaboration entre les individus

  • le peu de connaissances mises à disposition du public

 

  • Une controverse sur la “complexité” : a t-on besoin de plus de complexité ou moins de complexité ? C’est un embarras permanent. On a besoin de la Recherche pour explorer la “simplexité”


 

Fabrice Flipo, Telecom Ecole de Management

 

“La face cachée du numérique” : https://www.lechappee.org/la-face-cachee-du-numerique

“Peut-on croise aux TIC vertes ?” : https://socio-anthropologie.revues.org/1623

 

Parmi les principaux points à retenir :

 

  • Un constat : quand on parle de sobriété, l’aspect “réduction” est le parent pauvre : le consommateur est poussé à consommer toujours plus…  comment améliorer un peu le système ?

  • Un projet de recherche en cours sur le ré-emploi et le recyclage des objets d’occasion avec la Fédération des acteurs du Réemploi :  www.rcube.org. Le pari : regarder le réemploi selon les classes sociales pour voir comment ils se positionnent par rapport aux objets réemployés (en terme de distinction d'usages notamment, de lien “positionnel”), dans le système social et ses acteurs
     

Deux interrogations majeures :

1- le numérique est évoqué pour l'environnement et la croissance verte, mais il reste très lié à la croissance économique ordinaire;  comment ça peut se transformer ?

2- Une vraie rupture avec la croissance serait la décroissance ; que seraient les technologies de la décroissance ?

  • Des questions pour la Recherche demain :  

    • la Dématérialisation : où est l'énergie, quelle est l'énergie dépensée sur un service ? Plus on aura de données, plus on pourra objectiver, plus on révèlera les coûts cachés, plus on sera pertinent ; c’est un vrai sujet de recherche. Il existe des informations mais les flux bougent tout le temps, ce qui rend l’analyse du cycle de vie difficile et coûteuse.
       

    • quel positionnement des différentes classes sociales? Quelle maîtrise les unes et les autres ont-elles sur leur environnement ? On ne peut plus faire comme si "le consommateur" était indifférencié, notre livre récent "Ecologie combien de divisions" montrait par exemple que les classes populaires sont devenues très dépendantes d'une consommation très industrialisée car ne pouvant se payer la qualité (effet notamment sur l'alimentation ou l'ameublement)

 

 


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Jean-Yves Courtonne, INRIA

 

Ressource : Thèse Jean-Yves Courtonne : évaluation environnementale de territoires à travers l'analyse de filières. La comptabilité biophysique pour l'aide à la décision délibérative http://www.theses.fr/s97042

 

Un questionnement central : comment avancer sur des outils pour avoir une comptabilité physique des flux qui traversent un territoire ?

Avec trois dimensions :

  • rassembler les données de production, de transformation pour définir la provenance

  • les croiser et mettre en cohérence : comment produire les mêmes bilans à l'échelle de toutes les régions, et essayer de donner une vision cohérente de la filière ?

  • un travail de raffinement au niveau local

 

Ce n’est qu’une fois qu'on dispose de la connaissance des flux que l’on peut coupler avec impacts environnementaux (ex. où va le maïs cultivé en Midi-Pyrénées ?)

 

C’est une approche très complémentaire aux cycles de vie et ses contraintes (c’est cher et complexe)

 

Au fond, cela participe aux nouvelles manières aujourd’hui de faire de la Recherche : le mathématicien peut aider en modélisant, formalisant avec des outils plus robustes, avec une résistance à l'incertitude


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En résumé : pistes, ressources et terrains sur les questions d’économie circulaire

 

Pistes

  • des outils de coopération multi-acteurs et multi-échelles territoriales pour élaborer des communs et des nouveaux modèles économiques

  • remettre l'analyse statique au centre de la recherche par opposition au monitoring (cf smart cities)

  • le parallèle entre conception des systèmes temps-réel et politique des transports nous apporte, en particulier le mix entre "time-triggered" et "event-triggered"

  • travailler avec les variables de rang 1 (et non sur l'optimisation)

  • la modélisation d'une économie de réemploi

  • financer des recherches “politiquement incorrectes”, qui ne fassent pas par avance l'hypothèse qu'on ne devrait pas traiter les questions qui dérangent trop les "grands acteurs"

  • Evaluer les recherches du point de vue de leurs conséquences, dans une perspective informée par la connaissance des conséquences de l'Anthropocène voire de l'effondrement à venir.

  • De "nouveaux commanditaires" de la recherche ! (ex : l’art contemporain)

  • Comment passe-t-on des résultats de la recherche aux changements de comportements ? Information, sensibilisation, éducation.

  • Comparer le coût de reproduction locale d'une pièce détachée avec la méthode traditionnelle (stockage, transport). Mode réparation plus que recyclage).

  • De l’analyse des effets directs à l’analyse des impacts indirects ou systémiques

  • Besoin d’imaginer les futurs, des scénarios autour de l’économie de la fonctionnalité : une économie high-tech ou low-tech ?

 

Ressources