VIDEO - Intervention de Pierre-Yves Longaretii (Inria) à la 1ère open conférence "Agenda pour le Futur"
Pour Pierre-Yves Longaretti, chercheur à l'Inria et au CNRS, avant de se positionner sur le croisement des transitions écologique et numérique, il importe de se poser la question des enjeux de celles-ci et du sens que nous voulons leur donner. Plus précisément, la véritable question à se poser selon lui est celle de savoir comment le numérique peut-il avoir un rôle positif dans une logique de transition écologique ?
De son avis, on observe deux transitions qui ne se positionnent pas de la même manière : la transition écologique est en tension avec le modèle dominant tandis que le numérique est une tension interne au modèle.
Tout cela, alors que la menace d’effondrement environnemental est réelle. Elle se profile avec la croissance d'événements physiques : augmentation de la population, des émissions de CO2, etc (cf: graphiques dans les slides). Actuellement le fait que nous soyons en dépassement de nos capacités ne fait pas tellement débat, ce qui fait débat c’est ce qu’on va faire après… Or nous manquons de temps. Si notre planète a connu des effondrements environnementaux dans le passé, c’est la première fois qu’on se confronte à un danger lié à l’effondrement sociétal. Pierre-Yves s'appuie notamment sur les travaux de l'historien J.Tainter qui a analysé dans les années 80 l’effondrement des sociétés complexes ( The collapse of complex societies) et qualifié les grandes évolutions d’un effondrement civilisationnel, lequel nous guette selon lui !
Dessin : Camille Urien
Tout l'enjeu repose sur la question de la complexité : une société est une structure de résolution des problèmes collectifs, or on observe qu’il y a une prime à l’augmentation de la complexité dans la résolution des problèmes collectifs. De manière plus prosaïque, cela signifie que notre système de résolution des problèmes n'est autre qu'une longue fuite vers l'avant qui recrée de la complexité et ainsi de nouveaux problèmes : problème => gain d'efficacité => augmentation de la complexité => efficacité décroissante => nouveau problème.
Or, selon Tainter, le moteur de la complexité n'est autre que l'énergie, et qui plus est aujourd'hui l'énergie fossile. D'où la nécessité de "réduire la complexité". C'est là, selon lui, que le numérique a un rôle a joué dans la transition écologique.