Un manifeste qui résume avec talent et efficacité les idées optimistes des "écomodernistes" pour rendre l'anthropocène "magnifique"
Signé par 18 personnalités principalement américaines, à l'initiative du Breakthrough Institute, le "Manifeste Ecomoderniste" rassemble en une trentaine de pages les idées de ceux qui "réaffirment un idéal du mouvement environnemental de longue date, selon lequel l’humanité doit réduire ses impacts sur l’environnement afin de laisser plus de place à la nature, tandis que nous en rejetons un autre, selon lequel les sociétés humaines doivent s’harmoniser avec la nature afin d’éviter un effondrement économique et écologique."
On y retrouvera des idées bien connues telles que le "découplage" entre croissance économique et impacts écologiques, un rejet de la "décroissance" comme inefficace et injuste, la défense pragmatique du nucléaire face aux alternatives carbonées, etc. Mais aussi une vision plus profonde, qui s'inspire de celle de Bruno Latour (sans y être identique) : l'Anthropocène est notre présent, nous ne reviendrons pas à l'état précédent, à nous d'assumer notre rôle directeur dans l'évolution de la planète pour vivre une "magnifique anthropocène" : selon le Manifeste, "la prospérité de l’humanité et une planète écologiquement dynamique sont, non seulement possibles, mais aussi inséparables l’une de l’autre. En nous engageant dans les processus réels, déjà en cours, qui ont commencé à découpler le bien-être humain de la destruction de l’environnement, nous affirmons croire qu’un tel futur peut être réalisé. Ce faisant, nous affirmons une vision optimiste des capacités humaines et du futur."
Le site du Manifeste fournit également de nombreux liens vers des textes publiés en réponse, dont certains très critiques.
Long et passionnant commentaire critique du Manifeste par deux théoriciens de l'"économie politique" à l'Américaine, Paul Robbins et Sarah A. Moore : "Love your symptoms: A sympathetic diagnosis of the Ecomodernist Manifesto" (juin 2015)