"L'impact environnemental des innovations numériques" - Damien Demailly

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Ugo Henri

By Ugo Henri


VIDEO - Intervention de Damien Demailly (Iddri) à la 1ère open conférence "Agenda pour le Futur"

Damien Demailly, docteur en économie, est chercheur à l'Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (Iddri). L'intervention résumée ci-dessus portait sur la nécessaire transdiciplinarité pour analyser les effets rebonds des innovations numériques.

 

L’Iddri s’intéresse depuis 2014 aux questions numériques dans le champ environnemental, où les innovations sont légion : systèmes d’échanges entre particuliers, mobilité collaborative, financement participatif au service de la transition écologique ou participation citoyenne.

 

Avec de vraies tensions entre ces deux mondes :

  • d’un côté un discours des acteurs du numérique et parfois des acteurs publics qui voient dans le numérique une nouvelle voie vers le développement durable (l’émergence de l’économie collaborative est un bon exemple), parfois sans se questionner davantage ;

  • d’un autre côté, le “monde environnemental” (recherche, pouvoirs publics, associations…) voient avant tout le numérique comme un problème, qui génère de nouveaux déchets et des effets rebonds.


L’économie des plateformes illustre bien ces ambiguités : elle n’est pas durable en soi. Des systèmes comme Blablacar permettent sur la longue distance d’économiser un peu d’énergie, mais pas tant que ça. Dans de nombreux cas, il y a un report modal du transport collectif (train) vers le covoiturage. Il y a aussi des effets rebonds, qui minorent les effets positifs (les prix baissent, donc on se déplace plus). Mais sur la courte distance, le covoiturage peut apporter des bénéfices environnementaux bien plus positifs.
Un des objectifs peut donc être de travailler le développement de ces plateformes courte-distance, voire de travailler sur l’articulation covoiturage/transports collectifs.


Autre exemple emblématique : le Bon Coin. Les usagers n’utilisent pas le site pour acheter des biens d’occasion plutôt que neufs, mais surtout pour acheter beaucoup plus. Les déplacements liés sont aussi importants : beaucoup d’usagers effectuent des déplacements de plus de 10 km pour acquérir un objet… Cela nous ré-interroge sur la nécessité de développer beaucoup plus les systèmes d’échange et de prêts hyperlocaux.
> Voir la liste des articles de l'Iddri sur ce sujet, dans le cadre du projet PICO


Damien Demailly

Dessin : Camille Urien

 

Sur quoi la Recherche devrait continuer à travailler ces prochaines années ?
 

3 axes paraissent fertiles :

  • Suivre les expérimentations sur les projets qui, justement, tissent plus finement le lien entre innovation et impact écologique. C’est le cas, par exemple, de la ville de Niort qui teste du co-voiturage, ), ou la ville de Dunkerque qui a lancé une plateforme d’échanges entre particuliers. Pour la recherche, il y a un vrai terrain avec ces expérimentations : les suivre, faire du retour d’expérience, analyser ce qui marche ou non…

  • De plus en plus d’entrepreneurs tentent de faire ce rapprochement numérique/écologique, avec une double motivation. Mais des questions se posent, par ex. sur les modèles à adopter : le plus écolo n’est pas forcément le plus rentable. Sur ce sujet, ce n’est pas évident de dire si la recherche a un rôle à jouer.

  • La question du financement : comment fournir une offre financière pour les innovateurs numérique qui essaient de progresser sur la voie du développement durable ? (une offre privée, publique…) comment les valoriser, les accompagner, etc. ?