Introduction d'une série de billets bilan de la première année du programme Transitions²
"La transition écologique sait raconter son but, mais peine à dessiner son chemin.
La transition numérique, c’est le contraire.
Chacune a besoin de l’autre ! Et pourtant leurs acteurs évoluent trop souvent dans des sphères isolées, sans réaliser la puissance transformatrice qu’aurait leur convergence."
Cette provocation écrite en juin 2015, à l’origine du programme Transitions², exprimait deux idées. En premier lieu, celle d’un lien entre ces deux grandes « transitions » contemporaines, écologique et numérique. Mais aussi celle de la difficulté d’une telle liaison, que nous allions éprouver à chaque étape.
Cette série de billets tente de faire le bilan de la première année de Transitions² : qu’avons-nous réalisé et appris, qu’est-ce qui a changé et surtout, que devrions-nous faire demain – et d’ailleurs, qui sommes-"nous", à qui appartient Transitions² et comment en faire une « maison commune » ? Cette question s’adresse bien sûr aussi à vous, qui lisez ce billet et (nous l’espérons) ceux qui les suivront…
La proposition de « relier concrètement la transition écologique et la transition numérique » a tout de suite reçu l’adhésion de plusieurs organisations : l’Ademe, la Coalition Climat 21, GreenIT.fr, Les Petits Débrouillard, l’Iddri, Ouishare, Place to B, Without Model… D’autres se sont engagées dans le cadre d’actions précises : le Cigref, le réseau des Villes Santé, le Club des villes et territoires cyclables, Inria…
La COP21 a bien sûr concentré une bonne partie des efforts des premiers mois. Pour Transitions², le temps fort a été la publication d’un « Appel à engagement » commun avec le Conseil national du numérique.
D’autres actions se sont focalisées sur le rôle des modèles coopératifs issus du numérique dans la transition écologique. Après la présentation des projets issus de la formidable résidence d’innovation POC21, un atelier prospectif a également cherché à explorer ce que pourrait être le futur de certains des projets qui en sont issus.
Enfin, tout au long de l’année, Transitions² a nourri la réflexion d’une bonne vingtaine de conférences, ateliers, groupes de travail, etc. à Brest, Nantes, Lille, Lyon, Marseille, Paris…
Le premier objectif était atteint : Transitions² intéresse, intrigue et mobilise.
La plateforme en ligne transitions2.net se fixait pour objectif de réunir l’information sur les acteurs, les projets, les connaissance, les outils, les méthodes et les imaginaires qui font le lien entre numérique et écologie. Elle réunit aujourd’hui près de 400 contributions, moins que ce que nous espérions mais plus que ce nous craignions. Sa partie anglophone se développe, mais trop lentement encore. Elle forme enfin, d’une manière efficace, le support documentaire des « défis », les projets thématiques réunis sous la bannière de Transitions².
L’essentiel du travail de l’année 1 de Transitions 2 s’est organisé autour de « défis » thématiques :
Ecology by Design (avec le Cigref et le Club Green IT) : Et si l'informatique (comme fonction, comme ensemble de techniques et d'acteurs, comme culture…) était le vecteur de la transition écologique de toute l'entreprise ? Le défi s’est conclu en avril 2016 par la publication d’un Benchmark Green IT et d’un Cahier qui décrit à la fois plusieurs pistes, leviers et méthodes – sans masquer les difficultés que rencontre la fonction informatique, qui n’a pas toujours comme priorité d’organiser la transformation de son entreprise…
Modèles d’affaires ouverts et durables (par Without Model) : Et si les les modèles économiques ouverts étaient la clé de la transformation écologique de nombreuses activités ? Ce travail a pour l’instant produit 4 articles et interviews de fond, en vue d’une publication à venir.
Agir Local (avec l’Ademe, la Région Normandie et d’autres acteurs territoriaux) : Et si le numérique venait outiller et renforcer les dynamiques locales de transition écologique, les aider à se relier, faciliter la participation et la prise de décision ? Pour beaucoup, les questions écologiques, écrasantes à un niveau global, peuvent trouver des solutions locales. Mais, qu’il s’agisse d’énergie, de mobilité, de circuits courts, de fabrication/réparation, d’open data... les nombreuses initiatives locales pertinentes ne font pas encore système. Agir Local produira un “kit participatif de construction de démarche territoriale” qui décloisonne numérique et écologie.
Respire ta Ville (avec le Réseau français des villes santé de l’OMS et l’Ademe) : Et si les citoyens, les innovateurs et les acteurs publics coopéraient au bénéfice de la qualité de l’air ? Pendant 2 jours d’« accélérateur de projets », 60 innovateurs, professionnels de la santé et de l'environnement, acteurs territoriaux ont élaboré des scénarios d’usages, et des villes se sont engagées pour proposer des terrains publics d'expérimentation à certains projets.
Mobilités actives (avec le Club des villes & territoires cyclables et l’Ademe) : et si le vélo constituait un gisement de nouvelles activités mobilisant le numérique et créatrices d’emplois ? 14 projets projets ont été présélectionnés. Ils se sont rassemblés dans 3 consortiums qui produiront des maquettes de services début 2017, pour déboucher sur des preuves de concept et des expérimentations
Depuis janvier 2016, plusieurs rencontres (organisées en collaboration avec Inria, l’Ademe et l’Iddri) entre chercheurs de différentes disciplines des sciences « dures » comme des sciences sociales, ainsi qu’entre chercheurs et praticiens, cherchent à mieux qualifier les questions, pistes, controverses, ruptures... sur lesquels la Recherche devra se pencher demain. Elles ont déjà permis de focaliser l’effort sur trois sujets : l’économie circulaire, le low tech et la frugalité, l’empowerment individuel et collectif.
Ce programme dense s’est dans une large mesure défini pas à pas. Nous avons essayé beaucoup de choses, souvent avec bonheur, parfois moins. Nous avons beaucoup appris chemin faisant. En tirer le bilan fournit l’occasion de partager ces enseignements : ce sera l’objet des billets suivants.
Prochain billet : Numérique et écologie sont dans un bateau…
Où l’on cherche à comprendre pourquoi il n’est pas si facile de faire converger numérique et écologique.