Et si nous (re-)construisions l'“agenda" du numérique au service de la planète ? Cette publication propose près de 50 pistes pour l'engager!
La transition écologique est l’horizon indispensable de nos sociétés, la transition numérique la grande force transformatrice de notre époque. La première connaît sa destination mais peine à dessiner son chemin ; la seconde est notre quotidien, une force permanente de changement mais qui ne poursuit pas d’objectif collectif particulier. L’une a le but, l’autre le chemin : chacune des deux transitions a besoin de l’autre !
Guidé par cette conviction, l’"agenda pour un futur numérique et écologique" s’organise autour de 20 défis de la transition écologique : l’énergie, les mobilités, l’économie circulaire, la "démocratie écologique", l’empreinte environnementale du numérique, la qualité de l’air,…
Pour chacun d’eux, il décrypte la contribution actuelle du numérique, et surtout, propose des nouveaux "chemins" pour engager une plus juste contribution du numérique aux enjeux écologiques.
Publié en mars 2019, il s'adresse à la fois aux innovateurs, aux acteurs publics, aux entreprises et aux organismes de recherche et ambitionne d'inspirer leurs propre agendas d'innovation, de recherche, de R&D ou d'action publique.
Cette publication a été réalisée par la Fing dans le cadre de son programme Transitions², en partenariat avec l’ADEME, l’Iddri, Inria, GreenIT.fr, le Conseil National du Numérique et Explor’ables.
L'agenda pour un futur numérique et écologique est publié sous licence Creative Commons CC-BY.
> Télécharger "L'agenda pour un futur numérique et écologique" (.pdf, 116 pages)
> Télécharger la synthèse (.pdf, 15 pages)
La rencontre entre numérique et écologie est a priori difficile. L’écologie, construite en partie sur une critique de la technologie et de la croissance, se méfie des promesses d’innovations techniques. Elle met l’accent sur les impacts écologiques du numérique lui-même, tout en le considérant, pas tout à fait à tort, comme le symbole et l’outil de l’accélération et la mondialisation contemporaines des rythmes (de vie, d’innovation, d’obsolescence…) et des flux (de matière, d’énergie, de déchets…).
De leur côté, les acteurs du numérique ont une perception d’eux-mêmes marquée par l'immatérialité et l’efficience, qui les amène parfois à se considérer écologiques par nature. Portés par une dynamique d’innovation permanente, ils voient d’abord les opportunités et plus tard les risques.
Fruit de 3 ans de travaux collaboratifs, {l'"agenda pour un futur numérique et écologique"} invite chercheurs, innovateurs, grandes et petites organisations, acteurs publics, militants, médias… à s’engager dans trois directions :
Qu’il vise des enjeux énergétiques, agricoles, de mobilité ou n’importe quel défi écologique ; qu’il soit porté par un acteur public, un organisme de recherche ou un dispositif d’innovation ; qu’il s’agisse de travailler sur des émergences ou sur des sujets plus mûrs… un nouvel agenda du numérique au service de la transition écologique devrait s'appuyer sur cinq principes :
Illustration : extrait de la cartographie p.6 de la publication
Il est pratique de considérer la question écologique comme un ensemble de “défis”, problèmes ou objectifs, qu’il suffirait d’analyser un par un pour y proposer des “solutions” : c’est un rêve d’ingénieurs, à la source d’une multitude d’initiatives bien intentionnées qui mobilisent les technologies (notamment numériques) pour “répondre aux grands défis de l’humanité”. Le numérique est généralement l’infrastructure de mesure et de calcul de ces actions.
D’une part, il s’agit d’une manière singulièrement étroite de considérer le numérique. Mais surtout, la question écologique est systémique, les “problèmes” sont inextricablement reliés les uns aux autres et ne peuvent pas se traiter séparément. Si le numérique doit aider à répondre à la crise (au sens de métamorphose) écologique, ce doit être en soutenant d’autres modèles de développement, d’autres formes de production, d’échange et de consommation.
Pour engager l'action :
- Défi n°6 : Les imaginaires comme chemins de la transition
- Défi n°7 : Construire une feuille de route de la ville durable et intelligente
- Défi n°8 : Une “Industrie du futur” qui prend l’environnement au sérieux
Les dispositifs citoyens de mesure de la qualité de l’air (via des capteurs à bas coûts) ne changent les comportement que s’ils mobilisent ensemble des collectifs d’habitants d’un quartier ou d’un immeuble, de collègues, de parents. Les “data” sont une source majeure de création de connaissance, mais leur usage dans les organisations produit aussi du décloisonnement et contribue à “casser les silos”. Les mobilités durables sont d’abord une affaire de gouvernance, d’orchestration d’une multitude d’initiatives innovantes et de nouvelles formes de partenariat et de collaboration entre acteurs privés et publics.
La principale force du numérique au service de la transition écologique n’est pas à chercher du côté du calcul, mais de celui du partage, de la collaboration et du lien social. C’est du côté des approches collectives qu’il sera le plus à même de proposer des leviers de transformation. D’autre part, une “culture commune” des enjeux numériques et environnementaux est plus que jamais nécessaire.
Le numérique est source de renouvellement d’imaginaires, il sait organiser la collaboration et parfois le passage à l’échelle ; l’écologie sait donner un but à l’innovation, tenir compte des “effets rebond”, pense en systèmes. Cette dimension culturelle - apprendre les uns des autres et produire de nouvelles synthèses - constitue un préalable indispensable à toute démarche qui voudrait tirer partie de l’un et de l’autre.
Pour engager l'action :
- Défi n°3 : Le numérique pour une approche collective des mobilités durables
- Défi n°4 : Mettre les "data" au service d’impacts environnementaux
- Défi n°5 : Une mesure distribuée de la qualité de l’air
- Défi n°9 : Le numérique au service des politiques environnementales locales
- Défi n°10 : Des stratégies de lieux partagés
Les modèles issus du numérique Open, agiles, distribués, collaboratifs, etc.) ont démontré du potentiel de transformation dans toutes sortes de domaines, mais leurs apports aux questions écologiques n'ont rien d'évident. Ils restent des modèles : si on ne leur insuffle pas une vraie intention écologique, un objectif, les résultats ne suivront pas. Les promesses déçues de l’économie collaborative sont là pour nous le rappeler.
De même, toutes les civic tech du monde ne suffiront pas faire émerger une “démocratie écologique”, si les citoyens et les institutions politiques (formelles ou informelles) ne sont pas habités par cet enjeu.
Un rapprochement stratégique entre les acteurs de l’écologie, ceux de l’innovation publique et démocratique (numérique ou non), et ceux du numérique collaboratif, ouvrirait de nouvelles perspectives en vue de l’émergence d’une écologie non technicienne, à la fois quotidienne et politique.
Pour engager l'action :
- Défi n°11 : Les “modèles ouverts” au service de la transition écologique
- Défi n°13 : Relier numérique et low tech
- Défi n°14 : Mobiliser le numérique au service d’une “démocratie écologique”
- Défi n°15 : Une seconde vie pour les “Communs” de l’écologie
- Défi n°17 : Les apports du numérique à l'agriculture, l'agroécologie et la permaculture
- Défi n°19 : Vers l’internet de l’énergie
Pour réaliser la transition écologique, nous avons besoin d’innovation, mais pas de n’importe quelle innovation : des projets qui visent des impacts environnementaux ambitieux, explicites et crédibles, qui s’intéressent à ses impacts sur d’autres secteurs et acteurs - et surtout qui se donnent les moyens de vérifier qu’ils seront atteints, ce qui est encore trop peu le cas aujourd’hui.
D’autre part, l’innovation ne jouera un rôle écologique positif que si le système d’innovation - l’ensemble des méthodes, des institutions et des dispositifs financiers qui rendent possible, légitiment, sélectionnent des propositions innovantes - évolue pour donner autant d’importance à l’impact des projets (écologique et social, positif et négatif) qu’à la création de valeur économique. Mieux relier le modèle d’affaire d’une innovation à son modèle d’impact, accompagner et soutenir les innovateurs qui s’en donneront la peine : c’est à cette double condition que l’innovation pourra réellement tenir ses promesses.
Pour engager l'action :
- Défi n°2 : Orienter l’innovation vers la recherche d’impacts majeurs
“L’IT for Green n’est pas une excuse pour délaisser le Green IT”. Ou dit autrement : le secteur du numérique doit reconsidérer sa propre empreinte écologique (qui est massive) avant de prétendre outiller des démarches, des modèles, des collectifs…
L’industrie du numérique et ses utilisateurs devraient être les têtes de pont de l’économie circulaire, en proposant des produits éco-responsables, modulaires, réparables, recyclables et surtout, d’une durée de vie plus longue ; et des services clairement pensés dans un esprit de frugalité (en ressources informatiques et réseau, mais aussi en termes de temps et d’attention).
Un agenda du numérique au service d'une question environnementale devra ainsi porter attention à un numérique "écologique by design". Le numérique devra aussi revoir plus largement ses modes de conception : éclairer plutôt qu'opacifier la prise de décision, chercher à fluidifier l'attention plutôt que l'instrumentaliser, distribuer du pouvoir d'agir plutôt que prescrire,… Le numérique a besoin d'un "RESET" : reconsidérer sa contribution à la transition écologique est l'occasion rêvée pour engager sa mue !
Pour engager l'action :
- Défi n°1 : Un numérique “écologique by design”
- Défi n°16 : Une culture commune du numérique et de l'écologie au service des ODD
- Défi n°20 : Contre l’effondrement
Illustration : extrait de la cartographie p.6 de la publication
Lancé en 2015, Transitions² est un projet collectif qui vise à "mettre le numérique au service de la transition écologique".
Porté par la Fing avec l’ADEME, l’Iddri, Inria, GreenIT.fr, le Conseil National du Numérique, Explor’ables et d’autres, il a pour ambition :
L’agenda pour un futur numérique et écologique rassemble et synthétise la richesse de 3 ans de travaux. Il s’appuie sur l’ensemble des travaux du programme Transitions² engagé depuis 2015 : 5 “Open Conférence”, plus de 20 ateliers de travail, près de 1500 contributions en ligne sur la plateforme transitions2.net,...
Dans l’ensemble, Transitions² a rassemblé près de 1000 contributeurs : innovateurs, chercheurs, entrepreneurs, grandes organisations, acteurs publics, médias,... Cette publication s’organise en 20 “défis”, dont chacun a fait l'objet d'une synthèse.
> Télécharger "L'agenda pour un futur numérique et écologique (.pdf, 116 pages)
Cliquer sur l'image pour accéder aux publications (Licence Creative Commons CC-BY)
Le 14 novembre 2017, au Square Paris.
Transitions² / L’Agenda pour le Futur
Open Conference #3
Mardi 14 novembre, 9h30 - 17h30 / Le Square Paris, 3 passage Saint-Pierre Amelot, 75011
Accueil café à partir de 9h
INSCRIPTION
(entrée libre mais inscription obligatoire)
Depuis un an, les Open Conference Transitions² rassemblent celles et ceux qui travaillent à mieux faire converger numérique et écologie.
Elles rassemblent 80 personnes (chercheurs, innovateurs, entreprises, acteurs publics, médias, collectifs…) autour d'un objectif commun : construire un "Agenda pour le Futur".
Le 14 novembre prochain, et pour la troisième fois en 2017 :
A cette occasion, la 1ère version de la publication collective “Agenda pour le Futur” (janvier 2018) sera présentée.
Les travaux de cette journée contribueront largement à l’alimenter.
9h-9h30 : accueil café, remplissage de la « traditionnelle » frise Transitions²
9h30-9h45 : "L'instant veille de Transitions²" : 10 initiatives, projets, visions qui croisent numérique et écologie, et qui nous ont interpellées !
- Manon Molins, Fing
9h45-11h45 : SESSION #1 : Changer d’agenda, mettre à l’agenda
5 contributeurs-trices racontent comment la feuille de route de leur organisation va “bouger” et comment nous pouvons suivre leur mouvement :
- Aurélie Pontal, responsable de partenariats WWF France
- Philippe Guillouzic, chef de projet Transition numérique et Hervé Pernin, conseiller "expertise collective et innovation", ADEME
- Yan Thoinet, président de Clean Tech Business Angels
- Christophe Debien, délégué général de l'Institut national de l'Economie circulaire
- Un représentant de la Caisse des Dépôts et Consignations
11h45-12h30 : SESSION #2 : Appel à data !
Et si nous réalisions pour de vrai le potentiel des données pour la transition écologique ? De quelles data avons-nous besoin pour cela ? Qu'avons-nous besoin de réaliser ensemble ?
- Renaud Francou, Fing
- Claire Schreiber, Club des Villes et Territoires Cyclables
- Benjamin Jean, Open Law
12h30 - 13h45 : SESSION #lunch : déjeuner en commun offert, sur place
13h45-14h45 : SESSION #3 : Imaginaires de transition
Deux intervenants partagent avec nous un exercice de prospective.
- Yves Cochet, Institut Momentum
- Julien Dossier, Quattrolibri
14h45 - 15h : présentation de la publication "Agenda pour le Futur"
- Renaud Francou, Fing
15h - 17h : SESSION #4, en ateliers : les projets à engager dans un Agenda commun pour le Futur !
A partir des 8 "défis" proposés dans "L'Agenda pour le Futur", des petits groupes travaillent à nourrir la publication collective (à paraître début 2018) autour de deux axes :
Propositions de départ
- Ecology by design : un numérique plus vert
- Nouveaux chemins de l'économie circulaire
- Orienter l’innovation vers la recherche d’impacts majeurs
- Territoires et ville en transition
- Changer la décision et la gouvernance
- Empowerment, écologie et pouvoir d'agir
- Imaginaires : forger des visions de l’avenir
- Libérer le potentiel des data pour l’écologie
Parmi les acteurs contributeurs à l'Agenda pour le Futur présents à cette journée : Inria, ADEME, Ministère de la Transition écologique et solidaire, ENSCI, les Petits Débrouillards, la Paillasse, Caisse des Dépôts et Consignation, Réseau Villes et Territoires en Transition, IDDRI, Conseil national du numérique, Shift Project, Open Law, Club des Villes et Territoires Cyclables, Airparif, La Bulle Tech, WWF France, Hacktion Publique, SNCF, Datactivist, Deveko, Orange, TXP, Conseil Départemental 93...
17h-17h30 : partage, discussions et feuille de route commune pour la suite !
Un article de la Fing et l'Iddri publié dans la revue "Responsabilité et environnement" des Annales des Mines (juillet 2017)
(...) Pris dans toute sa diversité, et donc allant bien au-delà des seules solutions passant par l’informatique et les calculs auxquels on le réduit encore trop souvent, le numérique nous invite à explorer d’une tout autre façon les chemins de la transition écologique en investissant les dimensions sociales et collectives de cette transformation.
>> Télécharger l'article (4 pages, .pdf)
Article publié dans le numéro de juillet 2017 de la série Responsabilité & Environnement des Annales des Mines.
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La transition écologique est un horizon incontournable pour nos sociétés, la transition numérique est, quand à elle, la grande force transformatrice de notre époque. La première sait raconter son but, mais peine à dessiner son chemin ; la seconde est notre quotidien, une force permanente de changement, mais qui ne poursuit pas d’objectif collectif particulier. L’une a le but à atteindre, l’autre le chemin à emprunter : chacune de ces deux transitions a besoin de l’autre ! Et pourtant, leurs acteurs évoluent trop souvent dans des sphères séparées, sans réaliser pleinement la puissance transformatrice qu’aurait leur convergence.
Comment dès lors faire converger ces deux grandes transitions contemporaines ?
Commençons tout d’abord par clarifier ce que nous entendons par le terme « numérique ».
Dans les entreprises comme dans l’action publique, les acteurs de l’écologie et ceux du numérique sont confrontés à une même difficulté : les transformations dont ils sont porteurs sont transversales. Elles touchent tous les métiers et toutes les dimensions des organisations. Elles relèvent à la fois de la technique, des pratiques quotidiennes et des formes d’action collective. Dès qu’on les spécialise, on les stérilise.
Ainsi l’apport du numérique à la transition écologique
est-il trop souvent considéré sous le seul angle technique, celui du « smart », de l’optimisation des processus pour augmenter la productivité des ressources (avec, par exemple, l’utilisation de capteurs pour améliorer le pilotage de réseaux d’eau ou d’éclairage public...).
Or, si le numérique prend aujourd’hui une telle place, c’est parce qu’il est aussi beaucoup d’autres choses. En effet, le numérique, c’est aussi :
Pris dans toute sa diversité, et donc allant bien au-delà des seules solutions passant par l’informatique et les calculs auxquels on le réduit encore trop souvent, le numérique nous invite à explorer d’une tout autre façon les chemins de la transition écologique en investissant les dimensions sociales et collectives de cette transformation.
Comment ce numérique, dans toutes ses dimensions, peut-il se mettre au service de manières plus durables de produire, de consommer des objets et des services ou de se déplacer ? Et, comment, sur cette base, des politiques et des stratégies de transitions écologique et énergétique peuvent-elles intégrer une « perspective numérique » ?
Il y a là pour l’écologie à la fois une nécessité et une source d’opportunités à explorer, qui nous paraissent aussi complexes qu’excitantes. Mais cela nécessite, en tout premier lieu, de clarifier les liens existants entre ces deux transitions.
La communauté écologique, construite en partie sur une critique de la technologie et de la croissance, se méfie des promesses d’innovations techniques. Elle a tendance à se focaliser sur les déchets générés par la production d’objets, sur la consommation énergétique et sur les risques d’effets rebond (c’est par exemple le cas de l’amélioration des technologies automobiles qui a été aussitôt réinvestie dans davantage de puissance et de confort).
Elle n’a pas tort, car, dans le système actuel, l’empreinte écologique liée à la fabrication et à l’utilisation du matériel numérique via Internet est colossale (Voir à ce sujet les travaux du G.D.S EcoInfo du CNRS). Et la dynamique actuelle de son développement intensifie ces impacts : ainsi, la demande croissante de puissance de calcul rend les équipements très vite obsolètes, alors même que l’on sait que leur fabrication concentre une bonne part des impacts environnementaux du numérique. Les évolutions vers un Cloud généralisé et les objets connectés pourraient démultiplier la consommation énergétique liée à la gestion des données et à leur utilisation (serveurs...).
Cela milite sans conteste en faveur d’une nouvelle approche : le monde du numérique doit mieux intégrer l’enjeu écologique à la fois dans la conception de ses services et dans sa contribution à la société, c’est ce que nous avons développé dans le projet Ecology by design.
Par ailleurs, le numérique, même lorsqu’il prend, par exemple, la forme de plateformes collaboratives d’échange de biens, ne permet pas à lui seul de changer nos « logiciels » de consommation, et donc de réduire notre consommation de ressources, comme l’a démontré le projet PICO (la revente sur Internet permet, par exemple, à certains usagers d’augmenter la fréquence de leurs achats d’objets neufs). Le numérique est aujourd’hui le support technique privilégié de nos modes de vie, que nous savons trop dispendieux pour l’équilibre de notre planète. Et, dans notre système actuel, le risque demeure que les gains d’efficience apportés par le numérique soient réinvestis dans toujours plus de consommation et de croissance matérielle, un phénomène que nous constatons depuis des décennies.
Mais la communauté écologique doit élargir son regard sur le numérique, car celui-ci est aussi porteur de promesses. En effet, il outille autant la mesure et la compréhension des phénomènes climatiques ou des pollutions quotidiennes par l’intermédiaire d’applications individuelles, que la montée en puissance de formes partagées de mobilité ou de consommation ; les « sciences citoyennes », comme le recensement collaboratif de la biodiversité, que les projets open source et low tech en matière d’énergie ou d’agriculture ; les mobilisations massives (telles que 350.org) que l’organisation complexe des flux de l’économie circulaire. Nos actions en faveur de l’écologie ont beaucoup à gagner à s’appuyer sur le numérique en matière d’information, d’implication des citoyens et des parties prenantes, de collaboration, d’organisation, de passage à l’échelle…
De leur côté, les acteurs du numérique ont une perception d’eux-mêmes marquée par l’immatérialité et l’efficience, et se considèrent écologiques, par nature. Portés par une dynamique d’innovation permanente allant dans toutes les directions, ils voient d’abord les opportunités et bien plus tard les risques. On n’innove pas sans un brin d’optimisme. Certains de ces acteurs nourrissent progressivement leur soif d’innovation par les défis écologiques qui nous font face. Nombreux sont les innovateurs qui s’attaquent aujourd’hui aux défis écologiques en s’appuyant sur la dématérialisation, sur le partage, la réduction des déchets et les changements de comportement (pensons aux CivicTech) ou en cherchant à « disrupter » divers marchés (ceux de l’énergie, de la mobilité ou de la production et de la distribution des objets).
Néanmoins, aussi puissante que soit leur idée, ils ne sont généralement pas outillés pour mesurer la réduction des impacts qu’ils promettent en toute bonne foi (Comme nous l’observons dans le cadre du projet « Innovation Facteur 4 »)
Or, dans un système d’innovation encore entièrement focalisé sur le potentiel de croissance et de rentabilité des entreprises, si l’impact écologique n’est considéré que comme une externalité positive, sa réduction ne résistera pas aux premières difficultés, ni aux premières évolutions stratégiques.
Même si le rapprochement entre numérique et écologie reste fragile, des connaissances et des méthodes structurantes émergent dans plusieurs domaines. Ainsi le « green IT » s’appuie-t-il sur des méthodes assez solides pour réduire l’empreinte écologique de l’informatique des grandes entreprises. Plusieurs études ont démontré le potentiel du covoiturage et de l’autopartage sur de courtes distances, ainsi que celui des systèmes « multimodaux » intégrant les modes actifs de mobilité pour rendre celle-ci plus « durable ». Le projet « Agir Local » montre comment, dans les collectivités locales, les personnes en charge des sujets écologiques et numériques peuvent utilement travailler ensemble.
En matière d’innovation, le projet « Innovation Facteur 4 » démontre comment des outils existants peuvent aider innovateurs et investisseurs à placer sérieusement l’impact écologique au coeur de leur projet. Et nous avons observé qu’en permettant la participation et la mobilisation des citoyens localement, par l’intermédiaire de plateformes de budget participatif comme à Paris, ou au travers de plateformes de crowdsourcing urbain ou de financement participatif, le numérique peut soutenir cette activité citoyenne si essentielle pour arriver à mettre en oeuvre une transformation écologique qui nous engage tous.
Si de nombreuses questions subsistent, nous en savons déjà suffisamment pour commencer à agir et à faire converger ces deux transitions.
Pour que les innovateurs du numérique se tournent massivement vers la transition écologique, il faut une intention ferme qui soit inscrite au coeur du modèle d’affaires des acteurs et qui s’appuie sur un « système d’innovation » qui mesure le succès à l’aune d’autres indicateurs que les seuls indicateurs financiers. Comment ? En modifiant, tout d’abord, les outils de sélection et de soutien mis en oeuvre tant par les acteurs publics que par les acteurs privés (1), et, également, en faisant évoluer nos outils de mesure de la valeur et des impacts.
L’objectif est double : concevoir des solutions numériques qui n’alimentent pas une dynamique d’obsolescence et de hausse des consommations énergétiques et orienter les finalités des projets innovants vers la transition écologique. L’État, en initiant les incubateurs de la GreenTech, semble avoir compris la nécessité d’un tel effort.
Mais centrés comme ils le sont sur leur outil et leurs propositions de valeur, les innovateurs n’ont pas forcément la visibilité ni la « main » sur les interactions complexes que vont créer leurs « solutions », ou dont elles vont dépendre. Au-delà de la question des effets rebond, une innovation ne produira pas les résultats escomptés en l’absence d’un système lui permettant de s’épanouir : par exemple, une application de covoiturage sur courtes distances ne peut produire de grands résultats, si elle ne s’inscrit pas dans un système de mobilité organisé à l’échelle du territoire. Leurs solutions n’apporteront des gains que si elles s’inscrivent dans un système adapté, dans un cadre vertueux. À différents niveaux, ce doit être le rôle des pouvoirs publics que d’agir sur ces cadres.
Les collectivités locales ont certainement un rôle clé à jouer pour soutenir et intégrer les innovations du numérique les plus profitables au développement durable de leur territoire. Nos travaux montrent quelques directions en la matière. Elles doivent oeuvrer progressivement à mieux connaître et à mieux appréhender ces nombreuses innovations, pour être à même d’identifier celles qui pourraient apporter des solutions complémentaires et utiles à ce que les collectivités mettent déjà en oeuvre dans les différents secteurs urbains. Organiser la mutualisation entre acteurs publics et l’échange d’expériences est une nécessité si l’on veut pouvoir faire face efficacement au flux continu d’innovations qui déferle sur des collectivités locales à la recherche de soutien. Et la multiplication des échanges doit également permettre de surmonter des différences culturelles entre entrepreneurs et autorités publiques qui souvent compliquent leur travail commun.
Les collectivités doivent également savoir soutenir les expérimentations locales afin de les orienter vers des objectifs de développement durable et leur donner la possibilité de tester leurs innovations et de comprendre les enjeux d’une diffusion plus large de celles-ci. Cela est d’autant plus critique que, souvent, les solutions les plus alignées sur l’intérêt général sont celles qui ont le plus de mal à se développer seules. Derrière le mot valise d’expérimentation se jouent des changements plus profonds qui sont liés à la culture numérique : le principe d’itération, l’acceptation de l’échec pour mieux apprendre, l’ouverture et le partage de données pour mieux évaluer et comprendre les expériences… C’est, par exemple, une des ambitions d’Etalab que d’essayer d’inoculer au sein de l’État cet état d’esprit, sans lequel il ne saurait y avoir de réelle transformation par le numérique.
Les solutions du numérique et de l’économie collaborative représentent un réservoir d’innovations dans lequel les pouvoirs publics peuvent puiser pour renouveler leurs services publics. Par exemple, la politique du recyclage devrait progressivement amener à tisser des liens avec les plateformes d’échange de biens. Collaborer avec ces nouveaux acteurs, notamment lorsque ce sont des plateformes, nécessite toutefois de nouvelles formes de gouvernance et de partenariat qui sont à inventer, ce qui soulève de nombreuses questions quant au nouveau contrat social urbain à élaborer.
Enfin, les stratégies et les politiques de soutien à l’innovation numérique doivent devenir à la fois plus exigeantes et plus créatives. Plus exigeantes, en abordant la question de leur empreinte écologique et de leurs impacts potentiels, positifs comme négatifs. Plus créatives, en s’intéressant moins exclusivement à la performance technologique et économique et davantage à l’exploration de modèles alternatifs : l’open source comme vecteur de diffusion de solutions vertueuses ; le partage, la collaboration et les « communs » comme alternatives positives à la surconsommation ; le « pair à pair » et les systèmes d’échange alternatifs...
Au-delà de ces principes, l’alliance féconde entre l’écologie et le numérique invite chacun à se transformer de l’intérieur. La « tech » doit s’inventer un agenda d’innovation qui prenne en compte la finitude du monde, et les « écolos » doivent se saisir de l’incroyable force de transformation du numérique. Depuis un an, le programme (14) Transitions² lancé par un certain nombre d’acteurs, dont la Fing et l’IDDRI, explore les changements apportés par l’alliance de l’écologie et du numérique, mais aussi la manière dont cette alliance nous change nous-mêmes.
Mais nous n’en sommes qu’au tout début. Nous entendons aujourd’hui inviter d’autres acteurs issus de l’écologie et du numérique à nous rejoindre pour que nous réexaminions ensemble leurs priorités.
(1) Ceux-ci font l’objet d’un double travail avec Bpifrance : la parution en 2015 (et désormais l’usage par les chargés d’affaires de Bpifrance) du référentiel « Innovation nouvelle génération » et la réalisation (en cours) d’un travail, « Innovation Facteur 4 ».
Le 4 juillet. L'enjeu : explorer de nouveaux chemins pour la transition écologique, à partir des initiatives et projets des participants.
Transitions² / L’Agenda du Futur
Open Conference #2
Mardi 4 juillet, 9h - 17h30 / Le Square Paris, 3 passage Saint-Pierre Amelot, 75011
Cette 2e rencontre de la communauté Transitions² rassemble 80 personnes au Square Paris (innovateurs, acteurs publics, chercheurs, associations, designers…) issus des mondes de l’écologie et du numérique.
Elle poursuivra le travail engagé le 23 mars dernier pour construire, un « Agenda commun pour le Futur » au croisement du numérique et de l’écologie.
INSCRIPTION
TELECHARGER LE DOSSIER DU PARTICIPANT (.pdf)
>>> Il est encore temps de contribuer au programme de la journée en proposant, de manière très simple, un sujet à discuter ou un projet à présenter !
Décrivez-les en 3 lignes et mettez-les au programme de la journée !
>> REMPLIR LE FORMULAIRE
9h-9h30 : accueil café, remplissage de la « traditionnelle » frise Transitions²
9h30-11h15 : SESSION #1 : Construire une culture commune Transition numérique et écologique
Intervenants :
11h15 - 11h30 : pause
11h30 - 12h30 : SESSION #2 : Open stage : accélérateur de projets (“Dating”)
Les « daters » :
12h30 - 14h : SESSION #lunch : déjeuner en commun offert, sur place
14h-14h45 : SESSION #3 : Inspiration(s)
15h - 17h : SESSION #4 : nouveaux chemins de transition écologique
A partir d'initiatives existantes portés et/ou connues des participants, les ateliers se proposent d'explorer de nouveaux chemins de transition écologique, appuyés sur le numérique : à quoi ressemble la transition écologique outillée par le numérique ? Qu'est-ce qui manque pour réaliser les impacts promis ? Peut-on faire autrement ?
Les 4 ateliers :
17h-17h30 : partage, discussions et feuille de route commune de l'Agenda pour le Futur !
A celles et ceux qui souhaitent se saisir de la journée pour partager une envie d’action commune ou accélérer un de leurs projets, Transitions² propose 2 modalités :
> remplir le formulaire de contribution
Le format : 3 courtes sessions de 20 minutes chacune pour accélérer ces projets, les aider à grandir, leur ouvrir des perspectives et créer des connexions.
Le mode d’emploi :
• Les “daters” proposent un projet, une envie, une idée… en 140 caractères sur un formulaire avant l’événement
• Le jour J, ils la présentent 2 fois en 10 minutes , avec à chaque fois du public différent.
• L’équipe Transitions² fournit aux participants des outils simples, pour que chacun se mette, simplement, au service de l'initiative pendant 15 minutes
Degré de préparation nécessaire pour proposer une “session dating” et y présenter une initiative : pas grand chose, juste beaucoup d'enthousiasme !
Avant le 4 juillet : exprimer un sujet, une intention, une envie de collaboration ou de discussion… parce qu’il est déjà dans votre feuille de route, parce que c’est déjà une priorité pour vous ! (et dites-nous pourquoi :)
Le jour J, nous animons l’atelier ensemble, avec celles et ceux que vous envie d'inviter !
Cycle prospectif "Usine du futur, développement durable et numérique".
L’ADEME et la Fing vous invitent à participer, le 31 mai prochain, au 2e workshop du cycle prospectif "Usine du futur, développement durable et numérique". Rendez-vous de 9h à 16h au 3 passage Saint-Pierre Amelot, Paris, dans les locaux du Square, nouveau lieu d'open innovation de Renault.
Nous travaillerons autour de la controverse "L’usine du futur sera-t-elle propre ? ". L’atelier produira des "scénarios extrêmes" et essaiera d'en évaluer les impacts écologiques.
Inscription
Le cycle Usine du futur entend nourrir une réflexion mêlant acteurs industriels, numériques et du développement durable, et relier celle-ci aux cartographies de controverses de Mines ParisTech et Telecom ParisTech. Il s'inscrit dans le programme Transitions² qui vise à "mettre le numérique au service de la transition écologique".
1er mars au Square de Renault, Paris
Dans le cadre du programme Transitions², l’ADEME et la Fing vous invitent à participer, le 1er mars prochain, au premier atelier du cycle prospectif "Usine du futur, développement durable et numérique". Rendez-vous le 1er mars de 9h à 13h au 3 passage Saint-Pierre Amelot dans le Square de Renault.
Au travers d’un exercice de prospective et controverses, nous proposerons aux participants présents de confronter leurs connaissances et visions autour des 3 angles suivants :
Objectif : Nourrir une réflexion mêlant des acteurs industriels, numériques et du développement durable, la relier aux cartographies de controverses de Mines ParisTech et Telecom ParisTech
Inscription
L'atelier débutera à 9 h :
N’hésitez pas à diffuser l'information auprès des personnes de votre réseaux susceptibles d'être intéressées par ce cycle de réflexion.
Plus d'information sur le cycle de prospective Usine du futur
Open conférence pour partager les enseignements de Transitions² et lancer la démarche "Agenda pour le Futur" le 23 mars
Le 23 mars prochain, au Square Renault (Paris), le programme Transitions² livre ses résultats, intuitions, pistes... les plus saillants. L'occasion également de lancer sa nouvelle étape, à travers la construction de “l’Agenda pour le futur” (Agenda²), celui à travers lequel vous engagerez, demain, vos propres transformations !
Lors de cette journée, première étape d'un cycle de 3 rencontres, nous vous invitons à construire, ensemble, un « Agenda commun pour le Futur » au croisement du numérique et de l’écologie :
> INSCRIPTION
Nous avons mis en place un tableau de bord de l'événement, pour en tirer pleinement partie : programme complet, liste des participants, ressources pour préparer les échanges, espace contributif pour commencer à nourrir l'atelier...
A vous de jouer !
> ACCES AU TABLEAU DE BORD DE L'EVENEMENT
Cet évènement est accueilli par le Square Paris, Zone d'émergence collaborative (3 passage Saint-Pierre Amelot, 75011 Paris / Métro St Sébastien Froissard)
La transition écologique est l’horizon indispensable de nos sociétés, la transition numérique la grande force transformatrice de notre époque.
Comment, concrètement, faire converger les deux ? Quelles sont les priorités de recherche à engager ? Les pistes d’innovation fertiles à explorer ou soutenir ? Les stratégies d’acteurs publics à revisiter ? Les projets communs à mettre sur les rails ?
Depuis 2015, la Fing, l’ADEME, Inria, l’Iddri, les Petits Débrouillards et bien d'autres explorent ces questions à travers le programme Transitions².
Présentation de 3 maquettes inédites de projets issus du défi mobilités actives autour de la Rencontre nationale du CVTC
Lancé fin 2015 par la Fing et le Club des Villes et Territoires cyclables dans le cadre du programme Transitions² le Définnovations mobilités actives a pour ambition de concrétiser des pistes de nouveaux services au croisement du numérique et du vélo.
Ce programme s’est déroulé en 3 phases :
Le 23 janvier après-midi, à l’occasion de la rencontre nationale du Club des Villes et Territoires cyclables, les 3 maquettes des projets accélérés ont été présentées :
Un modèle d’organisation de la mobilité à vélo qui offre aux habitants et aux acteurs du territoire des services favorisant l’usage du vélo à travers un équipement physique, une plateforme web et une application mobile. L’équipement se définit comme un espace central d’informations matérialisé par un abri à vélo multi-services, dont les services sont définis selon les besoins et les caractéristiques du territoire et les usages de ses habitants. Ceci ayant pour objectif de rendre visible la politique locale d’aménagement.
vidéo du scénario de service : https://youtu.be/mfFIfgDnivo
Projet associant Natural Idées et Cyl@pas.
S’appuyant sur une carte communautaire des trajets réguliers domicile/travail (tout ou partie) à vélo, l’application fournit des trajets praticables : éprouvés et notés. Des volontaires sont même disponibles pour montrer leur trajet. C’est une aide efficace pour les cyclistes avertis, et un catalyseur pour les cyclistes occasionnels et les nos cyclistes. Les usagers peuvent utiliser ou non leur propre vélo. Les vélocistes peuvent l’utiliser comme base pour proposer des services récurrents aux usagers.
vidéo du scénario de service : https://youtu.be/c3T_yeU7we4
Projet associant Géovélo smartdata et Bus Cycliste Multimodaux.
Inventer un service de partage de vélos, « sur mesure » adapté aux caractéristiques d’un territoire et de sa population en développant un système intelligent et communautaire de partage de vélos. Il s’appuie sur la mobilisation du gisement de vélos non utilisés à l’échelle d’une communauté d’utilisateurs + une couche de service numérique qui permet d’amplifier et de sécuriser le partage, et de fournir des données sur les usages pour améliorer le service.
vidéo du scénario de service : https://youtu.be/-ZFz17irVN8
Projet associant Virez Vélo, AxESS’Cycle, Spartime et Velocomotion.
Contact Fing :
Introduction au Kit AgirLocal, Le numérique au service des démarches environnementales de nos territoires
Le numérique au service de mobilités plus économes (intermodalité, mobilités douces, télétravail,…)
Numérique et proximité (marchés publics et circuits courts, logistique, relocalisation, …)
Le numérique au service de la nature (biodiversité, qualité de l’air et de l’eau…)
Ouvrir le jeu d’acteurs et mobiliser les énergies
Construire un chemin adapté à votre territoire
Construire une culture partagée
Introduction
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AgirLocal : un défi
La transition écologique est un enjeu majeur pour nos territoires ; la transition numérique est un ensemble de leviers produisant des transformations systémiques. Ces deux transitions contemporaines convergent peu : les stratégies sont cloisonnées, les cultures sont distinctes, parfois adverses.
Le défi "AgirLocal" du programme Transitions², porté par la Fing, vise à mobiliser la puissance du numérique au service de l’environnement sur les territoires. En effet, pour beaucoup, les questions écologiques, écrasantes à un niveau global, peuvent trouver des solutions locales, et celles-ci peuvent faire système : l’agir local est le pendant du penser global. Mais les nombreuses initiatives locales pertinentes sont encore très loin du compte.
Et si les dispositifs numériques s’avéraient utiles pour outiller et renforcer les dynamiques locales, les aider à se relier, faciliter la participation et l’efficacité ? Qu’il s’agisse d’énergie, de mobilité, de circuits courts alimentaires, de fabrication/réparation, d’Open Data, les exemples sont nombreux de potentiels encore insuffisamment exploités.
C'est autour de ces deux questions que le défi AgirLocal a été fondé et que nous avons engagé nos travaux à l’automne 2015.
Le kit Agirlocal : un outil pour les territoires, à améliorer ensemble
Nos travaux ont rapidement convergé vers la production d’un kit, à mettre à l’épreuve des territoires eux-mêmes. Il s’agit à la fois de partager la connaissance d’expériences locales dans différents domaines environnementaux et d’aider à la construction de démarches : formuler les enjeux, repérer les acteurs, identifier les écueils, trouver un chemin.
Ce kit pourra être pris en main par tout acteur territorial, pour peu qu’il souhaite travailler avec les autres et puisse se mettre en position d’activer une dynamique collective : institutionnel ou associatif, numérique ou environnemental, expert ou simple citoyen. Nous espérons par exemple que des porteurs d’agendas 21, des collectifs numériques, des conseils de développement, des acteurs des "Communs", des élus, des innovateurs (sociaux, numériques, environnementaux) seront parmi les porteurs de ces démarches.
Ce kit est imparfait, soyez bienveillants et constructifs, nous apprécions les critiques (n'hésitez pas à participer à la discussion et poster un commentaire) :
Ensemble, nous pouvons mieux qualifier la juste contribution du numérique aux stratégies locales, éviter les fausses pistes, libérer des potentiels.
Une démarche collective, de premiers constats, des difficultés à surmonter
Pour arriver à cette première production, nous avons mené un ensemble de rencontres et d’ateliers à Lille, Lyon, Lorient, Paris, Brest, avec de nombreux contributeurs très divers : qu’ils en soient remerciés (la liste des ateliers est en annexe). Parmi eux, plusieurs seront les premiers usagers de ce kit, constructeurs de démarches territoriales AgirLocal.
S'il s’agit d’un défi, c’est que c’est difficile. La plupart des acteurs du numérique que nous avons rencontrés ne connaissent à peu près rien de la Loi de transition énergétique (LTE) et ignorent ce qu’est un agenda 21 ou un TEPOS (territoire à énergie positive) ; et presque aucune stratégie numérique territoriale n’a d’objectifs environnementaux. Réciproquement, les acteurs de l’environnement cernent assez mal les enjeux et potentiels du numérique ou le réduisent le plus souvent à un ou deux leviers instrumentaux dans leurs domaines, eux-mêmes assez cloisonnés.
La bibliothèque n’est pas vide, elle est pleine de connaissances segmentées, porteuses de hautes technicités. Heureusement, parmi les acteurs et les experts, il y a des hybrides : ils aident à traduire, à y voir plus clair, à assumer la position de débutant dans laquelle chacun se trouve.
C’est difficile parce que c’est compliqué, qu’on se connaît mal, mais aussi parce que le doute est légitime : loin de tout solutionnisme, nous savons que le numérique fait aussi partie du problème. Les démarches locales devront aussi savoir fermer des portes, esquiver des fausses pistes séduisantes, mais pouvant s’avérer calamiteuses.
Qu’y a-t-il dans le kit ?
Tout d’abord, 5 chapitres thématiques, agrégeant la qualification des enjeux, des exemples extraits de notre veille et illustrant des possibilités, l’identification d’écueils et controverses, une proposition d’horizons. À chaque fois, il s’agit de comprendre comment réduire les intrants, réduire la demande, réduire les déchets ; et de qualifier les leviers numériques qui semblent actionnables.
Schéma issu du poster Transitions² publié pour la COP21
Ces cinq chapitres n’en sont pas au même niveau de maturité : le champ de la mobilité est l’un de ceux que le numérique parcourt depuis longtemps, celui de l’énergie est (au moins du côté de l’électricité) riche de projets, promesses et incertitudes. Ceux qui parlent d’obsolescence et de proximité tiennent l’un et l’autre de l’"économie circulaire" et font des liens entre des initiatives de maturité inégale, mais dont les croisements nous paraissent fertiles. Nous avons aussi voulu parler de nature, de qualité de l’air, de biodiversité : si la COP21 s’est focalisée sur le climat, le numérique peut jouer un rôle dans d’autres domaines de l’environnement - et tente déjà de le faire. Enfin, dans le chapitre proximité, nous n’oublions pas l’empreinte écologique du numérique, fortement nourri par un autre défi de Transitions² (Ecology by Design), afin de se focaliser sur l’exemplarité que pourraient avoir les démarches territoriales, avec peut-être des victoires très accessibles à remporter.
La deuxième partie du kit se risque à la construction de démarches territoriales : par où commencer, qui mettre autour de la table, quel parti tirer du numérique, quels écueils surmonter, quels horizons dessiner. Il n’y a pas de territoire moyen : la densité de population, les enjeux d’enclavement ou de pollution automobile, l’accès aux ressources, le tissu d’acteurs et leur histoire dans les deux champs numérique et environnemental, tout diffère entre la ville qui essaie déjà de croiser smart city et ville durable (sans toujours y parvenir) et le bassin de vie qui cherche à activer ses circuits courts pour ne pas dépendre du lointain.
Le kit pourra aider à comprendre localement d’où l’on part et où l’on peut arriver. Parfois, il aboutit à comprendre ce qu’on ne sait pas, les éléments qui manquent au diagnostic de départ ; ou qui n’est pas là. Le succès de ces démarches sera avant tout celui des dynamiques qu’elles pourront fédérer.
Que pouvons-nous espérer ?
Accédez au chapitre suivant du Kit AgirLocal :
A quelles conditions les promesses environnementales des modèles ouverts seront-elles réalisées ?
Lorsque nous avons démarré le défi Modèles d’affaires ouverts et durables au lancement de Transitions ², nous partions d’un constat :
les modèles ouverts connaissent un réel succès et ont des conséquences favorables en termes d’innovation, d’accès aux outils et aux connaissances, etc, leurs effets environnementaux positifs sont trop souvent tenus pour acquis, sans considération d’aspects plus sombres (les 4x4 open source…) ou des effets rebonds.
Nous nous fixions alors un double objectif. D’une part analyser les modèles ouverts qui visent explicitement des effets écologiques positifs et identifier d'autre part les principales contributions possibles des modèles ouverts au développement durable, ainsi que les conditions de leur succès et de leur déploiement à grande échelle.
Nous sortons aujourd’hui une synthèse des travaux qui ont été menés entre autres dans le cadre de Transitions2 et Poc21. Au fil des 8 chapitres, 4 promesses environnementales et deux conditions pour les réaliser sont précisées.
Ce contenu est accessible dans le livre Open Models for sustainability.
Le livre sera disponible en version numérique gratuite en janvier 2017 et vous pouvez jusqu’au 15 décembre 2016.
Open models for sustainability a été rendu possible grâce aux contributions de Daniel Kaplan, Olivia Lisicki, Thibault Mercier, Yves Zieba, Aurélien Acquier, Damien Demailly, Valentina Carbone, Myriam Bouré, Julien Cantoni, Flore Berlingen, François Pellegrini, Jean-Christophe Elineau, David Bourguignon
Synthèse intermédiaire du défi "Innovation Facteur 4" - Novembre 2016
> Télécharger le document (.pdf, 14 pages)
Les dispositifs de soutien à l’innovation (publics, privés, issues de grandes entreprises,…) savent aujourd’hui plutôt bien caractériser le caractère radical d’une innovation.
Mais qu’en revanche, ils savent beaucoup moins repérer et évaluer la dimension radicale d’un impact écologique, proposé par les projets d’innovation. C’est un manque, et c’est sur ce constat que se fonde le défi Innovation Facteur 4.
Cette synthèse présente les premières conclusions issues à la fois d’un groupe de travail (dont la mission est de produire une cartographie des enjeux et opportunités de l’”Innovation Facteur 4”) et de l’analyse d’une dizaine de projets (sur les 20 envisagés).
Il présente notamment 3 résultats :
Ce travail est encore largement appelé à évoluer !
Nous vous invitons à le commenter, discuter, critiquer, annoter... dans les commentaires ci-dessous !
Et si la distinction “incrémental/radical” devenait aussi importante en matière d’impact écologique qu’elle ne l’est dans l’innovation ?
> Quelles sont les spécificités des projets innovants qui proposent un impact écologique radical, et qui les distinguent des “innovations Green Tech” ou “French Tech” ?
> Comment les accélérateurs, incubateurs, banques et fonds d’investissement… les prennent-ils en compte ?
> Sur quoi devrions-nous travailler pour mieux évaluer l’impact écologique d’un projet et donner ainsi toute sa place à l’ “Innovation Facteur 4” ?
Dans le cadre du programme Transitions², la Fing, l'Iddri et Ouishare, avec le soutien de l'Ademe et de Bpifrance, partent à la recherche de "l'Innovation Facteur 4" : une innovation radicale dont la "proposition de valeur" intègre un impact écologique profond ("facteur 4", "zéro émissions/déchets etc.", "énergie positive"etc.), large (passage à l'échelle) et de long terme (robuste aux "effets rebond").
>> S’inscrire à l'atelier (Entrée libre mais inscription obligatoire)
L’atelier rassemblera une trentaine de participants : représentants d’incubateurs, accélérateurs, fonds d’investissement… qui prêtent une attention particulière aux “innovations écologiques” ; experts, innovateurs, réseaux, … de l’innovation numérique ; acteurs publics et territoriaux, chercheurs…
Il sera animé par la Fing et OuiShare, et se déroulera en 3 temps :
Contact : Renaud Francou - rfrancou @ fing.org